Yoann Dérédec est acousticien pour Métamorphone, le bureau d’études en acoustique qu’il a créé voici un an à Saint-Nazaire, au sein de la Coopérative d’Entrepreneurs Le Périscop. Un métier peu connu, en plein développement au vu de l’évolution des normes de plus en plus exigeantes. Car nous sommes tous plus ou moins concernés par les nuisances sonores. Yoann Dérédec entend bien s’adresser à un large public, des industriels aux architectes sans oublier les particuliers.
Il avait besoin de revoir la mer. Et c’est à Saint-Nazaire que l’acousticien professionnel a finalement décidé de poser son sonomètre et son enceinte omnidirectionnelle.
Yoann Dérédec est né à Lorient voilà 34 ans. Mais c’est dans la région nantaise qu’il a passée la première partie de sa vie. L’acoustique, il n’y pensait pas vraiment lorsqu’il grattait sa guitare à ses heures perdues dans sa chambre d’adolescent. Son bac scientifique en poche, il est d’abord intéressé par l’architecture et intègre l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Nantes (ENSAN). « Mais chemin faisant, je me voyais de moins en moins architecte. Cela ne correspondait pas à ma personnalité. » Pourtant, c’est à l’ENSAN qu’il découvre la « maîtrise des ambiances ». Tilt ! « Il s’agit de tout ce qui a trait à l’acoustique, la thermique, l’éclairage et l’éclairement. Petit à petit, je me suis intéressé davantage à l’acoustique. Cela correspondait aussi à mon souhait de retrouver un rapport avec les sciences physiques. »
En 2006, il décide de poursuivre ses études à l’Université du Maine, au Mans, qui héberge le LAUM (Laboratoire Acoustique Universitaire du Maine) l’un des principaux centres de recherche français en acoustique. Lorsqu’il en sort, en 2009, il intègre le laboratoire du Centre d’expertise du bâtiment et des travaux publics, dans les Yvelines. Un laboratoire de certification validant les performances acoustiques des matériaux utilisés dans le bâtiment (vitres, plâtre, bois etc). « On oublie qu’avant d’être commercialisés, ces produits doivent être certifiés contre les nuisances sonores. »
Yoann Dérédec ne s’arrête pas là et refait ses valises. Direction le nord de la France, cette fois, à Dunkerque, où il est recruté par un bureau d’études. « J’étais davantage sur le terrain, en relation directe avec des architectes, des industriels, des maires et différentes collectivités sur des problématiques concrètes. J’ai notamment travaillé dans l’équipe de maîtrise d’œuvre sur le projet de réhabilitation d’un vieil hospice pour le transformer en Conservatoire régional de musique de la ville d’Arras. J’effectuais un travail d’ingénierie. »
Trois ans plus tard, il prend le large à nouveau. Mais cette fois-ci, l’enjeu est de taille : « j’ai senti que c’était le bon moment pour créer ma propre structure. J’avais un bon bagage, j’étais devenu familier du terrain et je connaissais bien les produits sur le marché. » Tout en continuant à se former au CNAM, en acoustique mais également en médiation scientifique (« afin de rendre accessible le domaine de l’acoustique pour mieux le faire connaître auprès du public »), il prépare son projet. Et c’est en 2018 que Métamorphone voit le jour au sein du Périscop. A Saint-Nazaire, donc, pour respirer l’air marin et « parce qu’elle a le même profil de ville industrielle que Dunkerque. C’est un terrain professionnel qui m’est familier ». Mais il intervient sur un territoire beaucoup plus large, allant de la Bretagne à la Vendée en passant par la région parisienne.
Intégrer les réseaux existants
« Le Périscop m’a permis d’intégrer un réseau immédiatement puisqu’il est déjà un réseau d’entrepreneurs, alors même que mon carnet de clients était vierge à mon arrivée. Il y a des métiers qui peuvent fonctionner en écho avec le mien comme la menuiserie ou la décoration et l’architecture d’intérieur. Pourquoi pas travailler sur des projets collaboratifs ? Et puis le Périscop a du poids, il permet de rassurer certains clients. La structure de la coopérative convient à la façon dont je veux me développer, c’est-à-dire en élargissant d’abord mon réseau plutôt que mon entreprise elle-même. » Yoann Dérédec apprécie aussi particulièrement de ne pas avoir à s’occuper de la gestion administrative de sa société. « C’est du temps supplémentaire consacré à ma recherche de prospects. »
Il en est convaincu : il est plus efficace en travaillant au Périscop plutôt que seul, chez lui, face à son écran d’ordinateur. « Je ne peux pas avancer en travaillant individuellement dans mon coin. » Il assiste aux formations dispensées par la coopérative. La dernière en date ? « Celle de Régis Dupain sur la créativité industrielle. Très instructive ! »
Une approche créative de l’acoustique
La créativité, parlons-en. Yoann Dérédec souhaite la (re)placer au cœur de Métamorphone. « Je veux retrouver la part de créativité que j’avais développée à l’école d’architecture, afin de diversifier mes activités en termes d’offres et de techniques. Je crois que l’on peut apporter des solutions pratiques et esthétiques aux problèmes de bruit et de qualité acoustique selon les besoins et les goûts de chacun. Mon entreprise me donne une certaine liberté pour travailler sur la partie recherches et développement. C’est un atout majeur. »
Si vous croisez un jeune homme muni d’un sonomètre, d’une enceinte omnidirectionnelle et d’une machine à impacts, il se peut qu’il s’agisse de Yoann Dérédec. Equipé de ses bouchons d’oreilles, il fera dans un premier temps beaucoup de bruit, prendra des mesures d’intensité, effectuera des calculs savants. Pour que vous ne souffriez plus de cette pollution à laquelle de plus en plus de Français se disent sensibles : les nuisances sonores.
Sabrina Rouillé.
Crédits photo : Sabrina ROUILLÉ