
Laurence Jagot est assistante administrative auprès des architectes et des entreprises chez Lj2a. Longtemps employée par un cabinet d’architecte à Nantes, Laurence s’est lancée dans l’entrepreneuriat en 2016 sous l’aile protectrice du Périscop, structure d’entraide et de partage dont elle apprécie le soutien. Entretien.
Quel a été votre parcours avant la grande aventure du Périscop ?
Je suis née à Saint-Nazaire, j’ai fait mes études à Nantes et au Mans en comptabilité. Je ne souhaitais pas travailler dans un cabinet comptable, mais j’avais envie de collaborer avec des architectes. C’est un métier dont j’admire le côté très créatif. Voir évoluer un projet de A à Z est très motivant.
J’ai travaillé 16 ans dans un cabinet d’architectes d’une quinzaine de personnes à Nantes. J’étais le lien entre les architectes, les entreprises et les clients.
Et puis, j’ai eu envie de revenir à Saint-Nazaire, retrouver une vie familiale plus sereine : j’avais besoin de profiter de mes filles qui grandissaient et que je voyais peu avec tous ces trajets à Nantes. J’ai quitté ce cabinet en 2015 et je me suis laissé un peu de temps pour réfléchir. Je n’avais pas d’idée précise pour la suite mais je savais que j’aimais mon métier. J’ai répondu à quelques contrats, j’ai fait de la comptabilité pour de petites entreprises. Puis, j’ai repéré une annonce d’un cabinet d’architectes parisiens qui souhaitait travailler avec quelqu’un qui avait mon profil, mais en free lance. Je me suis dit : pourquoi pas ? Je suis la compagne de Renaud Le Gal, j’avais assisté à la création du Périscop en 2014. Je n’étais pas étrangère à ce concept de Coopérative d’Entrepreneurs.
Vous souvenez-vous de la création du Périscop?
Parfaitement ! Il est né, pour ainsi dire, dans ma cuisine ! Je voyais 18 entrepreneurs pleins d’élan et d’énergie qui décidaient de créer leur propre coopérative à leur image. Une structure qui devait correspondre à leurs besoins et leurs envies. C’était fascinant, ces longs débats, ces échanges d’idées, cette atmosphère créative… Ils parlaient « collectif », ils voulaient que l’esprit de solidarité fonde la structure, ils souhaitaient mutualiser les talents.

Quand votre tour est venu, cela ne vous a donc pas semblé insurmontable ?
Exactement. Mais enfin, on prend des risques ! Sans le Périscop, je n’aurais jamais sauté le pas. Je savais que je ne serais pas seule. D’abord, je ne suis pas commerciale et je savais pouvoir compter sur la coopérative pour m’aider à prospecter ou du moins me guider. J’ai aussi fait appel à l’agence de communication VA ! pour créer mon logo et définir mon identité : Lj2a, deux « a » pour « assistante architecte ». Ça aussi, c’était complètement nouveau. Cet échange a permis de cibler davantage ma communication.
Mon cœur de métier est assistante technique pour les architectes : établissement des contrats, aide à la constitution des dossiers des marchés, suivi financier et administratif des chantiers, comptabilité… Le but étant de libérer du temps aux architectes pour qu’ils se consacrent à leur projet. Je dois être très réactive et disponible. Si on me demande de préparer une offre pour tel client, (lancer une consultation d’entreprises, préparer le dossier marché…), je dois le faire le plus rapidement possible car les architectes travaillent toujours face à des délais souvent assez courts. Mais comme nous parlons la même langue car je connais bien mon métier, je peux être efficace.
Je propose aussi mes services de comptabilité pour les entreprises.
Je me suis lancée en tant qu’indépendante avec ce cabinet d’architectes comme premier client. Puis un autre cabinet, de Saint-Nazaire, m’a contactée via Le Périscop. Finalement, tout s’est passé assez vite lors du lancement de Lj2a.
Que vous apporte le Périscop ?
D’abord un soutien moral. Je ne suis pas seule. Le fait d’être salariée d’une structure signifie que vous ne vous retrouvez pas sans ressource en période de faible activité. C’est très sécurisant. Je viens d’achever mes trois premières années au Périscop, je deviens donc une entrepreneure associée. Je pourrai désormais participer au vote, aux débats, à l’évolution de la structure.
Si j’ai le moindre souci technique, je fais appel à Monica Velasco de Movinfo, entreprise du Périscop. Je sais que je peux être aidée par d’autres entrepreneurs de la coopérative. Nous accueillons régulièrement de nouveaux talents, c’est toujours intéressant. Et puis, il y a une bonne ambiance.
Comment voyez-vous évoluer la coopérative ?
Je crois que c’est un système qui correspond à l’époque actuelle, notamment cette notion de « mutualisation ». La coopérative est une formule économique à l’échelle humaine. Aujourd’hui, associer l’humain à l’économie devrait être une règle. Or on a tendance à scinder ces deux idées. Nous ne devons pas perdre notre état d’esprit et rester disponibles les uns pour les autres. Le Périscop sera une réussite si toutes nos entreprises fonctionnent. Nous sommes liés les uns aux autres, malgré nos univers professionnels différents.

Propos recueillis par Sabrina Rouillé.