Karine Seaudeau-Pirouley est experte en fluides supercritiques et accompagne des projets de recherche et développement dans ce domaine. Installée dans la région de Saint-Nazaire depuis trois ans, elle a également créé KASOP, société spécialisée dans l’organisation d’événements à caractère scientifique et technique. En 2016, Karine a rejoint Le Périscop, convaincue de la nécessité d’un ancrage territorial et de l’importance d’un réseau dans le développement de son activité.
Les fluides supercritiques, vous connaissez ? Des termes qui ne résonnent pas encore aux oreilles du grand public mais qui intéressent de plus en plus d’industriels et d’entrepreneurs dans les secteurs de la pharmacie, de l’agro-alimentaire et de la cosmétique. Pour Karine Seaudeau-Pirouley, les fluides supercritiques n’ont plus rien d’obscur depuis longtemps. « En jouant sur la température et la pression, le CO2 a des propriétés de solvants, c’est-à-dire la faculté d’aller au cœur d’une matière et de retirer un produit de celle-ci. On réalise ainsi une opération d’extraction ou de purification, propre, sans impact sur l’environnement. C’est l’une des techniques utilisées pour retirer la caféine du café dans le domaine de l’agro-alimentaire. Actuellement, le produit phare est « l’extrait CO2« , comme produit fini, sous forme liquide ou en baume, de la même manière qu’une huile essentielle par exemple. C’est un procédé agréé bio. Ce ne sont que quelques d’exemples d’application. » Karine Seaudeau-Pirouley est intarissable sur le sujet.
Innovation et technologie
Originaire de Cholet, la jeune bachelière entre à l’école d’ingénieur en agro-alimentaire à Rennes (INSFA), aujourd’hui Agrocampus Ouest, après un bac scientifique. « Parce qu’elle proposait des cours de sciences appliquées à l’industrie agro-alimentaire mais elle avait aussi une ouverture à l’internationale avec possibilité de faire des stages à l’étranger. » Dans son schéma de vie, Karine a depuis longtemps intégré les voyages dans le cadre professionnel. « J’aime être surprise, ne pas être enfermée dans un cadre trop restreint. Et j’adore voyager. J’avais un métier en tête : développer des projets d’industrialisation à l’étranger. »
Premier stage aux Etats-Unis puis en Inde où elle reste quatre mois. Premier contact avec l’Asie aussi.
Elle fait son stage de fin d’études à Lyon dans une entreprise d’import-export de produits asiatiques qui finit par la recruter. Elle effectue de nombreux allers-retours en Thaïlande les deux premières années. « C’était très formateur mais je me suis rendue compte que vivre en pointillé entre deux pays était plus compliqué que ce que je pensais. »
La jeune femme finit par démissionner pour se rapprocher de son mari dans la vallée du Rhône et répond à une offre d’emploi comme chargée de mission développement durable à la CCI de la Drôme. « A l’époque, on parlait peu de développement durable. Pour moi, c’était un nouveau défi. » Très vite, un appel à projets sur des pôles de compétitivité est lancé au niveau national pour créer des clusters qui rassemblent des entreprises et des laboratoires. « La CCI était très engagée sur les projets de territoires. »
En juin 2006, le chercheur Stéphane Sarrade, aujourd’hui directeur adjoint à l’innovation au CEA (Commissariat à l’Energie Atomique et aux Energies Alternatives), crée une association de transfert technologique centrée sur les fluides supercritiques, l’IFS (Innovation aux fluides supercritiques). La CCI de la Drôme, à travers son directeur général et président, est particulièrement enthousiaste et engagée sur le projet. Karine se voit alors proposer de le prendre en charge. Elle devient la déléguée générale de l’IFS présidée par Stéphane Sarrade et créé son propre service au sein de la CCI.
Organisation de salons et de conférences, création de sites internet, animation de la communauté de chercheurs et de chefs d’entreprises, workshops à l’étranger avec visite d’entreprises et de laboratoires: Karine est sur tous les fronts. « Nous organisions une mission par an, le plus souvent en Asie (Japon, Chine, Taïwan…) mais aussi aux USA et au Canada. Ce sont des pays où la technologie est très industrialisée. »
Pluridisciplinarité et liberté d’action au Périscop
Pour des raisons familiales, elle quitte la Drôme en famille et s’installe à Pornic en 2016. Tout en continuant à travailler pour l’IFS dont elle sera la représentante dans l’Ouest, Karine Seaudeau-Pirouley décide de se lancer dans l’organisation d’événements à caractère scientifique et technique.
« Je voulais conserver un statut de salarié et je ne voulais pas être seule, totalement indépendante. Je souhaitais également un ancrage territorial. » Pôle Emploi lui parle du Périscop. « L’idée de la coopérative d’entrepreneurs m’a plu car je savais qu’un réseau était primordial. » Elle se souvient de son premier entretien avec le capitaine Renaud Le Gal: « je lui ai présenté mon parcours sous la forme d’un nuage de mots. Il m’a mise à l’aise de suite. Au Périscop, il n’y a pas de notion de hiérarchie et Renaud fait parfaitement le lien entre nous tous. »
Karine crée KASOP, embarque sur le navire du Périscop et rencontre Clarisse Leduc et Valéry Aupiais de l’agence VA! pour développer son identité. De son côté, Frédéric Carré (Alterneo) lui donne quelques astuces pour créer une page web Périscop pertinente.
« Qu’est-ce qui m’a convaincue de rejoindre cette coopérative d’entrepreneurs ? C’est une structure à taille humaine, nous sommes quarante. Et les compétences rassemblées ici : j’ai besoin de m’entourer de personnes spécialisées en communication, en informatique etc. Je ressens aussi une grande liberté d’action, je ne me sens pas liée à des obligations envers des entités extérieures car c’est une coopérative indépendante. J’apprécie également la pluridisciplinarité du lieu. »
Rapidement, tout en étoffant son réseau technique, Karine Seaudeau-Pirouley a développé un nouveau produit, un rapport de veille sur les fluides supercritiques, Supercritical watch report, en partenariat avec Florian Buineau (Marketing Flakes). Comme beaucoup d’autres, elle a également suivi la formation de Régis Dupain sur la créativité.
« J’ai découvert ici des valeurs qui me correspondent et qui sont identiques à celles véhiculées par l’IFS. Je m’y suis donc parfaitement retrouvée. Il s’agit d’un entrepreneuriat dans le respect et la bienveillance envers tous les adhérents quel que soit leur secteur d’activité, il n’y a pas de concurrence même pour ceux qui sont dans un domaine similaire. »
Aujourd’hui, Karine accompagne les entreprises qui souhaitent tester les procédés supercritiques dans leurs projets de recherche et développement. Elle constate également que les sciences jouissent d’un intérêt croissant auprès du grand public. « Cela concerne aussi les fluides supercritiques ! J’ai consulté des blogs do it yourself spécialisés en cosmétique qui évoquent ce procédé. » Le marché existe, il se développe en même temps que la demande. Ne cherchez plus. Vous trouverez une experte à Saint-Nazaire.